IV - Arthur, l'homme qui reçut l'epée - âme

De nombreuses légendes rapportent que Merlin, le mage derrière le trône d'Arthur, se retirait habituellement dans la forêt de Northumberland, pour s'unir, là, aux sages esprits qui y habitaient.

Ici, les récits divergent, Il est visible que des faits ultérieurs s'ajoutent aux légendes anciennes afin d'adapter plus aisément les traditions à l'époque et à son mode de penser.

L'élection d'Arthur comme roi de Bretagne est un récit connu.

Est reconnu roi, celui qui peut extirper l'épée de la pierre de marbre où elle est plantée.

Aucun des chevaliers rassemblés n'y réussit jusqu'à ce que se présente le jeune Arthur agé de 16 ans, - et qu'il arrache l'épée avec la plus grande aisance.

Nous touchons ici à une tradition de haute classe: Un homme cherche le Graal ou la Pierre mystique en vue d'atteindre à la Royauté; il part en guerre et, lors d'un combat, brise son épée.

C'est là une claire indication de l'imperfection de l'épée royale, chez un homme en quête des choses spirituelles.

La royauté une fois conquise grace à l'épée symbolique, cette épée devient ensuite inutile car la royauté est une force symbolisant l'équité, la vérité et l'invincibilité.

L'épée d'Arthur, donc, se brise dans sa lutte avec le roi Pellinor.

En effet l'épée royale n'a jamais eu pour but de servir dans un combat à égalité avec d'autres; elle ne doit servir qu'à libérer le chemin qui mène à la royauté afin que l'homme qui cherche le Graal puisse d'abord et avant tout devenir un roi.

Arthur, jeune adolescent de 16 ans, (remarquez ici le nombre 16 - dont la somme des chiffres est 7), l'homme pur qui, dans sa claire jeunesse, se tient sous le rayonnement de l'Esprit Septuple, reçoit la possibilité d'acquérir la royauté et la prêtrise.

Il est appelé tout d'abord à la royauté afin que, par elle, s'éveille la prêtrise, grâce au pouvoir du penser qui pare le front comme une couronne.

Mais Arthur choisit autre chose.

Débordant de possibilités, Arthur a toute chance d'atteindre le Graal, mais il reste stationnaire, une fois devenu roi parcequ'il infléchit ce pouvoir sur le plan horizontal du monde et forge ses actions conformément aux intentions du monde.

Arthur est l'homme qui aspira à la bonté, à la vérité et à la justice, mais comme il employa l'épée royale à son service personnel, elle se brisa.

Comme jeune adolescent de 16 ans, néanmoins, une nouvelle chance lui fut donnée de s'en servir.

Sa préparation au Graal avait commencé et l'état de son sang lui permettait de recevoir des qualités d'âme.

Arthur fait connaissance, à ce moment de la Dame du Lac.

Cela signifie qu'il entre en liaison avec la force éthéric pure, sur la base de la connaissance et de la sagesse, à lui transmises par Merlin.

Comprenons que le roi Arthur - l'appelé - ne peut rien sans l'intervention de Merlin, le grand sage - qu'il a besoin de l'intermédiaire d'une prêtrise pour combler ses lacunes.

Selon la légende, Arthur part en voyage vers le Lac, accompagné de Merlin. Au milieu du lac, ils voient souchain s'élever un bras tenant une magnifique épée.

Merlin explique à son compagnon que c'est là l'épée qu'il lui a promise et que le Bras est celui de la "Dame du Lac".

Lorsque Arthur reçoit l'épée qui lui permettra d'entreprendre son pèlerinage de l'âme, alors commencent les difficultés.

Avec cette épée invincible dont le nom "Escalibour" signifie 'le plus pur et le plus sincère", Arthur continue à peiner au milieu des difficultés de sa cour, à se battre avec tous ceux qui l'attaquent, à se laisser entraîner par toutes les émotions ordinaires de la vie, ce qui le jette, armé d'Escalibour au milieu des combattants.

A part les soi-disant victoires d'Arthur sur ses adversaires, on n'entend rien dire de lui au sens spirituel.

On le montre cependant affligé, mélancolique soit à cause d'une bataille perdue, soit à cause de ses malentendus avec sa cour.

La grande joie du cœur ne lui est pas accordée.

Et on le comprend car Arthur n'a pas saisi le sens de sa mission.

Il est devenu un combattant pour le bien et le mal terrestres, un homme aux grandes possibilités, mais qui se laisse submerger par ces deux courants bien et mal - qui sont l'image du monde.

L'Epée Escalibour est le don le plus grandiose et le plus précieux offert à Arthur par Merlin, car il représente ici la pureté, l'intangibilité et la vérité du Message lui-même.

Merlin étant appelé à quitter ce champ de vie terrestre, il avait transmis sa connaissance à Arthur attendu que celui-ci était l'un Caïn, un homme-du-feu, un fils divin déchu, ou autrement dit qu'il possédait un atome - étincelle de lumière.

Ces hommes ces Caïn, sont semblables à Lucifer - ils s'emparent de la puissance, de la Royauté, mais doivent apprendre à participer à la Prêtrise par l'humilité, la dévotion, la foi et la sobriété.

L'homme Caïn a de grandes qualités - on le compare - avons nous dit, à Lucifer, au fils de Dieu qui, tel une comète éblouissante, plongea dans le chaos pour en faire un royaume matériel, l'imprégner de son feu créateur sacré.

En l'homme Caïn, s'unissent matière et esprit.

Il fait d'incessants efforts pour emprisonner l'esprit dans la matière alors que, de par sa naissance divine, par le principe âme divin - son cœur aspire sans répit à réaliser l'unique perfection.

De même l'homme-Arthur.

Tout ce que lui transmet la Sagesse, il l'attache à la matière.

Et, le moment venu d'entreprendre. réellement le Chemin du Graal, il assiste au départ, de ses chevaliers appelés, par l'ardent désir de leur cœur, à la quête du Graal.

Et à ce moment, Arthur pleure.

Il connaît ses chevalier, ce qui veut dire que, ayant la connaissance de lui-même, il s'aperçoit qu'il est en défaut, ses chevaliers partis, il restera, vide et seul, sans but, dans l'attente de la mort.

Il comprend également que quelques-uns ne reviendront plus à sa cour, que ceux qui reviendront auront changé et que la présence de ces êtres totalement transformés par le rayonnement du Graal, provoquera dans l'ordre de la Cour, de la confusion, des troubles, des querelles.

Tout est fini, en réalité, pour Arthur.

Il ne lui reste plus qu'à rendre à la Dame du Lac la puissante et pure épée Escalibour.

L'histoire nous dit comment meurt Arthur: face à la mort, au bord de l'eau, selon son désir. Car il veut cependant s'unir encore une fois à la Force éthérique pure, que symbolise l'élément eau.

Bien que gravement blessé, Arthur ne meurt pas avant d'avoir accompli sa tache, avant d'avoir contribué effectivement au processus d'évolution de l'âme.

Il ne peut sous aucune condition garder en sa possession l'épée- âme, car celui qui va mourir doit en faire cadeau.

Il rend donc son fluide-âme au microcosme, où le réclamera le prochain habitant, qui en prendra possession, car l'épée-âme n'est pas un bien personnel. - Arthur l'avait empruntée,

Et il sait cela.

Aussi l'épée doit-elle, à tout prix, être rendue à l'élément dont elle naquit, à l'eau.

Et ce sera là la dernière mission d'Arthur, de même que la dernière mission de chaque homme possédant une âme-divine tombée, sur la base de laquelle il a cherché une voie de vie.

C'est à regret qu'Arthur se sépare d'Escalibour.

Déplorant: ses fautes, il dit adieu à ses qualités d'âme, disant: "seul Lancelot est digne de te posséder".

En effet Lancelot, le père de Galaad, est aussi un homme appelé à conquérir le Graal, mais qui n'a pas lui non plus, atteint le but suprême.

Arthur le sait: Lancelot est un de ses courtisans, le meilleur, de tous, qui voulut" aplanir les chemins pour son Dieu intérieur.

Lancelot fit, lui aussi, alliance avec la reine, mais, il saisit la puissance, le sommet, avant d'avoir atteint la complète maturité.

Ces détails vous prouvent que nous ne devons pas considérer ces chevaliers du roi Arthur seulement comme des personnages en quête du Graal, comme des âmes à la recherche de leur Patrie, mais aussi en tant que courants actifs dans l'homme.

Au moment de mourir, Arthur ordonne à son écuyer "de rapporter Escalibour de l'autre coté de la montagne et de la rejeter dans le Lac."

Il existe donc à présent un mur de séparation entre Arthur et le Lac, c'est-à-dire la pure Force Ethérique - Arthur n'est plus capable à ce moment de rencontrer une fois encore la Dame du Lac.

Il abandonne cette rencontre à une âme inconsciente son écuyer, qui prend possession de l'épée et essaie de la conserver pour lui.

Car Giflet, l'écuyer, part bien vers le Lac, le voit, contemple une fois encore la beauté de l'épée et, regrettant sa mission, revient vers Arthur, l'épée cachée dans son sac, les lèvres prêtes au mensonge. Mais Arthur perce ses paroles car Giflet n'a rien vu ni rien entendu dans le Lac, après y avoir lancé son épée à lui, qui était indigne.

Arthur le renvoie donc, alors Giflet lance dans le Lac le fourreau et garde la lame. Seconde supercherie qu'Arthur dévoile bien vite et pour la troisième fois, il renvoie Giflet.

Et enfin, l'écuyer exécute l'ordre et à peine l'épée-âme Escalibour a-t-elle touché l'eau qu'une main apparaît qui saisit l'épée, la brandit trois fois puis disparaît sous l'eau.

C'est à ce moment qu'Arthur meurt, c'est-à-dire directement après la restitution de l'épée. Il ne peut en être autrement.

Il a essayé jusqu'à trois fois de restituer l'épée et n'y réussit qu'après la troisième fois.

Que signifie cet: après la troisième fois?

Cela signifie: dès que l'âme s'est retirée du penser, du vouloir et du sentir. Arthur meurt, il est entièrement dépouillé, vidé.

L'âme est retournée avec ses possibilités dans la demeure-âme et y restera, protégée milieu de la force éthérique pure jusqu'à ce que lui soit donnée une nouvelle possibilité de manifestation.

Ainsi l'on comprend pourquoi les chevaliers du Graal revenant à la cour: Perceval et Bohor, ne reviennent pas à celle d'Arthur dont on n'apprend plus rien par la suite.

La cour du roi Arthur s'est désagrégée, a cessé d'exister.

Ici prend fin la légende!

Tout le Chemin du Graal y est exposé, son symbolisme a instruit les âmes qui vont véritablement à la quête du Graal et de son accomplissement.

Et lorsque le monde honore Arthur comme le meilleur, le plus noble des hommes, nous y voyons de nouveau une tentative de s'emparer de l'Esprit de l'immatérialité, de la Vérité Universelle, afin que, par des falsifications, les revêtements, la confusion, cette Vérité Universelle n'atteigne jamais l'homme-âme tombé.

Car ce monde ne poursuit pas l'accomplissement du Graal, mais poursuit la satisfaction du soi - et ceux qui appartiennent à ce monde ne cherchent qu'à satisfaire leur égoïsme.

C'est pourquoi ils sont si passionnés "d'honneur, d'humanitarisme et de générosité"; tous simples courants sur le plan horizontal qui concourent à enchaîner l'humanité à son champ de vie.

Il y a beaucoup plus que la noblesse, l'humanitarisme et la bonté.

Il y a la spiritualité, spiritualité qui permet d'atteindre à la Prêtrise Divine.

Ce sont les Rois parmi l'humanité qui sont appelés à la Prêtrise; ce sont les âmes-divines qui sont élues pour leur mission; mais il n'a jamais été envisagé qu'elles asservissent leur noblesse spirituelle à la matière, bien qu'hélas! Ceci se produise souvent, et précisément chez ceux qui commencené la quête du Graal par l'auto-réalisation. Ce sont ces hommes royaux qu'empoigne la passion de la puissance et de la vanité, par ambition et pour satisfaire le moi. C'est à ces hommes précisément que s'adresse la légende d'Arthur.

Ils sont confrontés avec leur vocation, ils sont touchés jusque dans leur nature la plus profonde, ils se voient eux-mêmes en Arthur; mais ils oublient, qu'Arthur a failli également, qu'il devait faillir comme faillissent ceux qui enferment la légende du Graal dans le cadre du mysticisme, de l'occultisme ou de l'étique.

Les légendes du Graal s'élèvent bien au-dessus de tout cela: elles parlent d'une marche de l'âme qui sortant de la matière, monte vers le palais immatériel du Graal!

Car ceux qui emmènent la matière dans leur voyage vers le Graal, ceux qui ne peuvent lâcher leurs convoitises et désirs matériels avant d'entrer dans le palais immatériel, voient ce palais devenir pour eux une "fata morgana", un mirage!

Pensez en l'occurrence à Lancelot.

Et l'occultiste aussi bien que l'homme - moi, que font-ils d'autre que retenir à deux mains la matière et se mettre en quête du. Graal, ainsi équipés?

Nombreux sont ceux qui veulent, ou tout au moins pensent qu'ils veulent aller ce chemin, mais qui y font tant de réserves que le Graal leur reste toujours inaccessible.

Ils ont des rêves sur ce Graal, des hallucinations, des mystifications et perdent ainsi totalement le vrai chemin.

Réussissent-ils à entrer dans son Palais, à entrer dans le champ de vie où est gardée la Source de toute Sagesse, ils voient bien apparaître, le Graal, mais sont incapables de sonder sa véritable réalité.

Leur union avec le Graal lui-même ne s'effectue jamais.

Et nous vous renvoyons ici aux expériences de Gauvain et de Lancelot . S'Il est une chose que nous vous souhaitons, s'il est une chose que nous désirions pour vous tous, c'est bien la compréhension intime de cette légende merveilleuse du Graal, car elle n'est pas qu'une transmission symbolique, c'est aussi et surtout, l'histoire de l'âme tombée en route vers son Accomplissement.

C'est la description du retour des âmes tombées, des fils de Dieu, vers leur Royaume Original.

Ces âmes tombées, emprisonnées dans la matière aspirent à la délivrance et à la remontée, mais n'y parviendront jamais si vous, homme matériel, n'en êtes pas le pionnier.

Vous pouvez tous être un Arthur, un appelé, un homme royal; mais vous devez désirer devenir un Galaad, un Prêtre-Roi, l'appelé qui est prêt à mourir pour sa Victoire.

Puisse Dieu faire se lever en vous le chevalier du Graal.

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