VI - Le chevalier Lancelot, chercheur du Graal

Quoique Lancelot ne soit pas l'un des personnages principaux de la légende du Graal, il ne doit pas échapper à notre attention cependant, en raison de sa collaboration importante à la mission de Galaad.

Lancelot était le fils unique du Roi Ban de Benoïc et de sa femme Hélène. Bien que baptisé sous le nom de Galaad, il fut toute sa vie appelé Lancelot.

Arrêtons nous un peu à ce petit détail typique, attendu que Lancelot devint le père de Galaad, bien connu comme chevalier de la Pierre Sacrée ou Graal.

La mention de son premier nom prouve la vocation de Lancelot, vocation qui consistait, non pas à trouver directement le Graal, mais plutôt à libérer son chemin de chercheur afin que son âme pût vivre la rencontre divine.

Lancelot remporte l'une de ses plus grandes victoires en sa qualité de père de Galaad, ce nom auquel il fut relié dès son premier cri, à sa naissance.

Galaad - Gilead ou Gal - Ed, signifia: le vierge l'intact, rempli de la force de l'esprit.

Le chevalier Galaad doit donc être considéré comme un chevalier des mystères, comme la personnification du plus haut bien spirituel du divin virginal de la force-âme qui est dans l'Esprit de Dieu.

Lancelot a donc une mission qui le relie à ce Galaad à cette force-âme virginale. Pour obtenir cette force-âme, il faut devenir un Prêtre-Roi.

La Royauté du sanctuaire royal de la tête, la courons, qui rayonne de l'étincellement de ses 12 paires de pierres précieuses doit coexister avec la Prêtrise du sanctuaire du cœur, siège de la religion et de l'amour compatissant pour les hommes.

A côté du Roi Arthur, Lancelot est l'un des chevaliers les plut éminents, royal en ses actes, invisible dans sa combativité, excessif dans son amour pour Guenièvre.

C'est cet amour pour la reine Guenièvre, époux du Roi Arthur, qui compta précisément comme l'une de ses fautes les plus grandes.

Dans l'histoire on a reproché à Lancelot d'avoir levé les yeux vers une dame du rang la plus haut et le plus noble de la cour, vers une femme qui appartenait à un autre.

Cependant considérons un peut ensemble, ce mystère. Lancelot possède les mêmes qualités qu'Arthur et il a, en outre toutes les qualités pour devenir un vrai Chevalier du Graal.

Il possède, donc à la fois la force qui mène à la Royauté et _la 1 force qui mène à la Prêtrise.

Mais est l'homme qui ignore encore ce qu'il veut être, qui ne connaît pas encore le juste chemin, et la juste méthode pour atteindre, au moyen d'un processus, d'une clef, le point culminant: la Prêtrise-Royauté.

C'est pourquoi il se tourne vers la Reine, il l'aime parce qu'une aspiration puissante à la royauté, à la réalisation de la vis de pensée la plus haute, coule en ses vaines.

Il ne peut attendre d'en posséder la clef, il veut parvenir au sommet et il y parviendra .... jusqu'à ce que Galaad arrive à la Cour.

Galaad, son propre fils, qu'il n'a pas reconnu, qu'il n'a pas connu, parce qu'il l'a engendré dans l'inconscience.

Galaad, place la Graal à portée des chevaliers - et soudain, par une impulsion de lumière, Lancelot lui aussi est touché dans le sanctuaire du cœur.

Il avait jusqu'alors concentré toute sa convoitise et tout son désir sur sa seule puissance, sur sa supériorité.

Le sanctuaire de son cœur, trompé par la tête, s'était dirigé vers le faux amour. Et brusquement, tout s'éclaire à présente il doit sa mettre en quête du Graal.

Il doit posséder ce Graal, c'est cela son but.

Et Lancelot, quitte la cour, abandonne tout ce qui l'attirait auparavant, laissant derrière lui Guenièvre profondément affligés.

Lancelot va se consacrer à la Prêtrise, mais sans avoir réalisé la Royauté. Et il s'efforce de devenir participant du Graal, en employant, une fois de plus ses anciennes qualités.

Combatif, il se bat contre tout et contre tous ceux qu'il rencontre, ne pouvant arriver à comprendre qu'il doit déposer l'ancienne armures. Il ne se bat pas à visage découvert et la légende nous rapporte qu'il se trompe plus d'une fois et commet faute sur faute.

Une fois encore, le Graal, lui apparaît, mais en rêve, le Graal, tendu à d'autres, tandis que comme le lui dit un chevalier.

Il ne lui est pas destiné, à lui, Lancelot.

Alors la courageux, l'énergique Lancelot est abattu, découragé, mais bientôt il reprend confiance en sa force et il poursuit son chemin, l'épée à la main, mais l'épée impitoyable et non l'épée de l'amour.

Toutefois Lancelot parvient au Palais du Graal, dans l'inconscience tout d'abord, comme un homme grièvement blessé, mais, plus conscient ensuite - bien que pas totalement prêt encore, car, comme le lui dit le portier, la tunique correcte lui manque.

Il entre néanmoins, il est témoin de l'apparition du Graal; mais n'y participe pas lui-même. Il est l'un des nombreux qui connaissent la Graal, qui comprennent son existence, mais ne sont pas à même de la posséder.

Da là vient que la Graal, lui apparaît dans un rêve et recouvert d'un linge. Et, marque typique du son caractère, après avoir contemplé le Graal, dans la Palais du Roi-Prêcheur, le chevalier Lancelot, repart immédiatement.

Il y a d'autres choses qui l'occupent: il doit enterrer un de ses frères de la Table Ronde, qu'il a tué de sa main, il a encore tant à faire.

Il est venu au Palais du Graal, en étranger alors qu'au fond il y était en pays de connaissance car la fille du Roi Pêcheur, qui assistait au repas du Graal, c'était sa femme, devenue la mère de Galaad, son fils.

Cela elle le sait, son Père également, mais Lancelot, lui, en est demeuré inconscient, bien qu'ayant en lui la possibilité d'un déploiement de l'âme, il l'ignore.

Il représente le chercheur qui part à la quête du Graal sans savoir encore où il doit chercher, ce Graal, sans connaître la raison ni la source de sa recherche, il est simplement poussé par une tendance microcosmique encore inconsciente, basée sur les expériences des nombreuses personnalités, qui ont habité avant lui son microcosme.

Il représente, lui, la somme de ces expériences, et il n'en est conscient que de temps à autre, par éclairs, quand il se tient dans le "silence" - quand il cesse d'être satisfait de lui-même de sa force et de son invincibilité.

Ainsi nous voyons Lancelot, après-avoir décidé de quitter le Palais du Graal, jeter un coup d'œil derrière lui et ne plus voir au lieu de Palais, qu'une plaine déserts.

Tout, pour lui, ne fut qu'un rêve, l'expérience du Graal est tout entière enfermée dans sa conscience microcosmique, y est gardée, peut-être pour la salut de la personnalité qui lui succédera, mais lui-même ne s'en servira plus.

Il veut retourner à la cour d'Arthur où il était renommé, où il pouvait dominer, où il avait le sentiment d'être "quelque chose", à cause de son amour pour Guenièvre qui le payait de retour. Mais tout se passe autrement.

En Lancelot, quelque chose a changé, sans qu'il le sache.

Son amour pour Guenièvre est souillé, méfiance, jalousie, désunion, naissent. Toute la cour d'Arthur semble en agitation, après le retour de quelques chevaliers.

Plus rien n'est pareil à autrefois.

Lancelot ne peut plus revenir à son ancien ordre d'idées, il cherche d'autres attraits.

Et Guenièvre commence à se méfier de lui parce qu'il délaises ses anciennes voies.

En effet quand, une fois, un homme est troublé dans le sanctuaire du cœur par l'aspiration vers l'accomplissement du Graal; quand la pré-souvenance, la corde sensible du principe nucléaire divin est touché, cet homme n'est plus le même qu'autrefois; il est pourchassé vers d'autres voies, il entre en conflit avec ses anciens intérêts et ses anciennes émotions et ne trouve plus aucune satisfaction dans son premier amour. C'est alors qu'il devient un véritable chercheur, un homme ballote entre la matière et l'Esprit et qui veut à tout prix conquérir l'Esprit.

Il a découvert que toute sa puissance, toute sa science, tout son désir insatisfait, ne l'ont pas rapproché du but.

Au contraire, il a compris qu'il doit se soumettre lui-même à certaines loies et il est impossible de jouer au proscrit.

Il y a certes de solides lois en relation avec une quête du Graal: des lois pour les rois, des lois pour les prêtres et ces deux sortes de lois doivent être accomplies, on ne peut suivre l'une et ignorer l'autre.

Lancelot est l'image d'Arthur, à cette exception près qu'il n'est pas encore l'homme royal, le maître-constructeur.

Il construit et démolit aussitôt; Il construit avec de faux matériaux et l'assurance qu'il a de lui-même détruit l'amour. Les dernières paroles d'Arthur: "Lancelot est la seul digne de l'épée-âme", sont justes!

Car Lancelot possède tout.

Il n'est simplement qu'inconscient, il reste, jusqu'à l'attouchement de la Lumière du Graal, le chercheur inconscient qui ne sait, ni ce qu'il cherche ni où il le cherche!

Il lutte contre ce désir inapaisé en lui, se défend, prêt à combattre jusqu'au bout.

Mais lorsque, dans la palais il contemple le Graal, la conscience lui vient comme en un éclair. Vous les connaissiez tous, ces éclairs de devenir-conscient, qui hélas, disparaissent aussi rapidement.

Toutefois, à ce moment là, Lancelot était supérieur à Arthur, car Arthur pleura tandis que Lancelot fut prêt à entreprendre - prêt à abandonner son premier et grand amour - pour souffrir pour ce Graal; privations et douleurs.

Il échoua cependant parce qu'il ignorait la loi et la méthode Gnostiques et qu'il n'était pas prêt à renoncer à sa présomption par l'amour pour cette loi.

Galaad, lui, se dépouilla de l'ancienne armure;

Perceval et Bohor également - mais Lancelot la garda.

Et ceci nous montre l'analogie entre cette signature des chevaliers du Graal et celle de l'homme qui s'engage dans une réalisation spirituelle.

Quelques-uns, parmi nous, ressemblent à Perceval, la personnalité occulte - d'autres à Arthur, l'homme royal - qui l'épée-âme en main, n'est pourtant pas en état de l'employer au service du Graal.

D'autres encore sont des Lancelot, non préparés à arracher la vieille armure, à retourner à zéro et à reconnaître: Je ne suis rien! Ils emportent partout avec eux leur assurance, leur conviction intime, même s'ils sont à un moment donné touchés dans le sanctuaire du cœur par un intense rayon de Lumière.

Nous vous demandons: Combien de Lancelot y a t-il parmi nous?

Touchés, un instant conscients et sa rendormant dans la présomption et le monde illusoire de la satisfaction de soi?

Combien n'en est-il pas, par le monde qui possèdent quelque part, au très fonds d'eux-mêmes, le savoir que le Graal - le Trésor des Persécutés - la Pierre des Sages - n'est pas une légende, mais une réalité bien délimitée?

Ils nient pourtant leur connaissance intérieure et avancent sur la voie large et facile.

Ils cherchent un compromis pour s'abandonner de nouveau aux choses du monde en dépit, du rongeant désir intérieur.

Ils sont pourtant amenés à découvrir leur plongée dans l'oubli,

l'aspiration rongeante demeure et qu'ils sont pour toujours liée à cette souffrance si intensément douloureuse du désir de la Pierre Mystique.

S'ils jettent cependant un coup d'œil en arrière vers la colone de lumière qui conduit à l'accomplissement la plus haut du Graal, ils ne voient que le désert - la porte derrière eux s'est refermée parce qu'ils ont choisi autre chose.

Et ainsi ils sont arrivée à un "non mans land" - D'une par Esprit des choses les repousse encore parce qu'ils ne veulent pas déposer l'ancienne armure et d'autre part ils ne s'intéressent plus à la matière du monde, parce qu'ils ont appris à connaître la force et la Lumière du Graal.

Ils sont donc véritablement des étrangers sur terre, des nomades, tel Lancelot repartant de la cour d'Arthur et recommençant à errer.

Ils appartiennent à ces légions de chercheurs véritables, mais incomplètement touchés la conscience n'étant pas encore allumée dans le sanctuaire de la tête; et qui, poussés simplement par une vague souvenance. s'égarent des milliers de fois en chemin; Ils deviennent des "âmes-en-peine" parce que, bien qu'en ayant au l'occasion, ils ont laissé échapper leur chance.

Ils se sont trouvés et s'en sont allés, s'occupant d'autres choses, devant d'abord comme dit la Langue Sacrée: "enterrer leur père".

C'est ainsi que la Légende du Graal nous apprend une fois de plus que l'être humain est le mystère le plus profond que le monde connaisse.

En lui, gît cachée, la "virginal désir de l'âme"; Gal ed, grâce auquel il est mis à même de mener à une bonne fin la Quête du Graal.

Mais l'homme, bien souvent, n'en est pas conscient, et c'est alors que se présente la voie douloureuse et difficile décrite par tant de Livres, de contes et le légendes, et que nous pouvons reconnaître dans notre propre vie.

La chevalier Lancelot qui appartenait aux Chevaliers du Graal, qui faisait partie des élus, se détourna à la fin et choisit la chemin spacieux, le chemin plain d'expériences douloureuses.

Puisse-t-on dire de nous, une fois, que nous reconnues la Voix quand Elle nous appela - afin que le Père de l'Univers dise: "Voici, celui-ci est mon fils bien- aimé; en qui j'ai mis toute ma complaisance."

"Et la colombe - l'esprit descendit sur Lui - la Prêtrise Royauté reposa sur ses épaules - le chemin de Croix étant véritablement accompli."

Que la force de la Gnose soit avec Vous!

©1977-2024 Henk et Mia Leene