Allocution 1 - la dernière danse du temps

"Celui qui n'a pas perdu la candeurde son enfance, est un grand homme."

Proverbe Chinois


"Les grands hommes sont comme desmétéores, qui doivent se brûler pouréclairer la terre."

Napoléon Ier


Toute personne faisant preuve de réalisme, ne pourra nier le fait que nous sommes entrés dans la période du dénouement, la phase finale de cette période qui se démontre essentiellement dans les pensées, les conceptions et les habitudes des peuples occidentaux.

La fin d'une période est toujours accompagnée par le mauvais goût et le sourire cynique des personnes qui ne veulent pas voir.

Qu'est-ce qu'une phase finale?

Ce n'est rien d'autre que le sommet d'une culture atteint par telle race ou tel peuple.

Parler d'une "fin du monde", est une conception un peu naïve et erronée, car le monde continuera de tourner tant qu'il y aura des "héritiers des dieux" qui doivent être sauvés de leur sphère de vie indigne.

A travers l'histoire de l'humanité, on peut reconnaître les sommets de la civilisation, au comportement de vie de l'humanité de l'époque.

En effet, gravitent autour de ce sommet de culture, la décadence, l'absurdité, la faim de sensation, et le chaos généralisé.

L'homme semble alors avoir perdu son discernement.

Il ne sait plus ce qui est humain et ce qui est divin - il ne voit plus la différence entre l'homme ordinaire et l'homme noble - il n'a plus aucune idée des inspirations spirituelles - bref - il est devenu comme un enfant ignorant, un enfant ayant perdu sa candeur et sa réceptivité.

Il est comme un enfant gâté, égocentrique et capricieux, incapable de parvenir à la maturité de l'adulte.

Il semble être lui-même un obstacle à la croissance de l'enfant vers l'état d'adulte, et souvent, l'enfant ne veut même plus être un enfant.

Comme je l'ai dit, une phase finale est accompagnée par la dégénérescence des lois naturelles et spirituelles qui forment la base de l'existence naturelle et spirituelle.

Une telle situation engendre - logiquement - une sphère du penser perturbée, une sphère émotionnelle maladive, et un organisme déséquilibré.

D'un côté, il est intéressant de vivre dans une telle phase finale, à cause du démasquage par lequel l'homme studieux peu apprendre beaucoup - d'un autre côté, il observe la grande tragédie qui semble se développer sans arrêt.

Dans une telle période, on a besoin de grands hommes, qui, "tels des météores" sont prêts à se brûler pour éclairer la terre.

Les grands hommes sont toujours entourés par une obscurité intense qui les incite à se brûler pour faire naître une petite lumière.

De tels flambeaux tracent des voies lumineuses à travers l'histoire de l'humanité, et ils sont garants que jamais il n'y aura une obscurité totale.

Une période finale est un événement tout à fait naturel et normal, car, tout sur terre, passe par une telle phase finale, l'homme y compris.

Et de même que dans la vie humaine, celui qui vit consciemment sa phase finale, est un sage, de même, dans une période de fin de culture, ceux qui sont sages sont ceux qui réalisent qu'ils doivent saisir leur chance à ce moment là, afin de développer leurs dons et leur entendement.

Le temps où l'homme menait une existence automatique et sans intérêt est dépassé - tous les enseignements cachés sont mis à jour afin que ceux qui doivent apprendre, s'éveillent.

Qu'est-ce que la vie, sinon une école?

Connaissez-vous ce dicton chinois: "On doit nourrir sa vie".

Nous ne faisons que nourrir notre corps.

Notre vie subsiste en parasitant un peu, en s'accrochant aux habitudes qui sont devenues comme des choses du passé mille fois ressassées, sans aucun parfum, sans aucun goût, sans aucune couleur.

Notre corps, lui, ne pourrait survivre ainsi - Et n'est-ce pas le cas avec notre vie?

Actuellement, nous vivons dans une époque pimentée, aux fortes odeurs qui sont trop inconnues à de nombreuses personnes, pour qu'elles en absorbent beaucoup.

Nous nous plaçons de côté - car nous ne savons pas "comment cela va finir" et ce que cela va apporter à notre vie si nous absorbons cette mixture colorée.

Comme des disciples ayant été éduqués avec l'avertissement:

"Tu ne dois pas prendre ce que tu veux, ni quand tu le veux - mais tu dois attendre jusqu'à ce qu'on te serve" - nous sommes obéissants.

En tant qu'enfant, nous devions être modeste, et même si ce qui était le plus gros et le plus coloré nous semblait meilleur, il était défendu de le prendre - car nous étions obligés de prendre ce qui était le moins beau et pour nous, le moins attractif.

Comment pourra-t-on plus tard réagir à la parole: "Grand sera l'homme qui a gardé la spontanéité de son enfance."

Précisément maintenant, l'humanité a besoin de grands hommes.

De grands hommes qui se montrent spontanément - avec une spontanéité qui est semblable au Souffle de Vie, ou au Souffle de l'âme, appelé par Homère: le Thymos.

La "dernière danse du temps" se fait sur une musique tellement suggestive, qu'elle incite à danser.

On ne peut pas rester inactif et regarder.

Il y a deux possibilités: soit on danse et on se laisse étourdir par la musique - soit on crée une plus belle mélodie, qui ne sera peut-être pas si vivante, mais qui ne touchera que l'intérieur.

Les qualificatifs, fort et bruyant, n'ont jamais été meilleurs que ceux touchant et désarmant.

La masse n'est jamais plus puissante que l'homme unique, savant et intelligent.

Un météore est plus frappant et remarquable que les étoiles innombrables.

C'est la question: Qui veut être un tel météore?

Qui est préparé à se donner pour une dernière illumination de la terre obscure?

Il est totalement inutile d'être obsédé par les événements qui accompagnent une période finale, car ils sont et resteront toujours les mêmes.

Il faut les discerner, et prendre ses mesures.

Pour l'homme qui sait, ils sont comme un appel à devenir un flambeau, et un tel flambeau n'opère pas par des discours, mais en se brûlant!

C'est la brûlure lumineuse de l'animation - afin que ceux qui se trouvent dans l'obscurité puissent éprouver tout à coup la sensation d'une lumière, et garder ainsi une souvenance brûlante qui pourra les inciter à commencer leur recherche.

Ce n'est plus le temps de rechercher avec passion telles ou telles petites lumières, dans une sorte de délire de collectionneur.

Maintenant, le moment est venu de se brûler comme un quasar, qui s'allume sans cesse aux confins de l'univers, et, trace sa voie lumineuse vers des horizons invisibles et inimaginables.

Nous sommes placés, durant cette dernière danse du temps, devant une inévitable réalité - autour de nous, et en nous.

Beaucoup essaient de fuir cette inévitable réalité, et ceci est clairement reconnaissable.

Mais l'homme-qui-sait, s'enfuira-t-il?

Le "grand" homme, s'enfuit-il?

Ils savent que cette inévitable réalité les visitera de nouveau encore un fois, s'ils s'enfuient.

Celui qui ajourne, rend plus difficile les choses.

Celui qui attend, peut se transformer en une statue de sel.

Durant cet ajournement, nous essayons constamment de prier et de réfléchir, en espérant qu'il y aura une autre solution, qui nous évitera de devenir un météore.

La spontanéité, la réceptivité et la logique de l'enfant ont été recouverts par la civilisation, une civilisation qui est actuellement en réparation.

Si nous ne nous plaçons pas sur le chantier, nous y serons placés tôt ou tard - car les bateaux de vie rouillés, sont indignes de naviguer sur la mer de la vie.

Cet océan de vie est devenu plus rude, plus menaçant - les éléments ont été provoqués, et malgré cela, nous pensons pouvoir y naviguer avec notre petit esquif fragile, inadapté et sans moyen.

Pourtant, nous devrions bien le savoir!

Nous le savons en effet - mais nous ne désirons pas écouter notre conscience, et ce, jusqu'au moment où nous ne pourrons plus écouter.

Ne savons-nous pas que "ne pas vouloir" finit souvent dans "ne pas pouvoir"?

"Que dois-je faire alors?" crie l'homme en difficulté.

Celui qui est en peine, ne se comporte pas ainsi.

Car un homme en peine, recherche inlassablement et très intelligemment, et surtout, concrètement une issue - et il la trouvera.

Même si pour cela, il doit passer au travers des plus grandes difficultés, et même si la seule solution soit qu'il devienne un météore, démontrant alors son origine lumineuse!

Celui qui parle de la Lumière - apporte de la Lumière.

Celui qui parle de la Connaissance - transmet de la Connaissance.

Et celui qui parle de l'Amour - témoigne de cet Amour.

N'est-ce pas la forme la plus simple et la plus honnête de l'état d'homme?

Mais n'est-ce pas aussi l'expression la plus compréhensible de l'état de Fils de la Lumière?

Si nous voyons autour de nous des hommes endormis, qui sont pourchassés et poussés par leurs profiteurs dans le camion de l'abattoir, nous tenterons bien de les réveiller, afin qu'ils soient conscients de leur situation!

Celui qui voudra poursuivre son sommeil, se retournera de l'autre côté, et repoussera la main tendue, mais nous devons risquer cela.

Dans une phase finale, ne faut-il pas des réveilleurs pour secouer ceux qui dorment et ceux qui se sont laissés étourdir?

Chaque homme réagit d'une manière différente au réveil-matin.

Tel homme préférera telle ou telle sonnerie - il y en a beaucoup qui ne veulent pas être effrayés, et qui veulent se réveiller doucement et lentement.

Mais - de nos jours - nous ne pouvons plus nous permettre ce luxe.

Se réveiller lentement et en douceur, cela demande du temps et surtout: un réveil intérieur.

Celui qui possède un "réveil intérieur", sait que jusqu'à minuit, les aiguilles indiquent l'obscurité la plus profonde, avant que le "Nuctémeron" - le Jour qui brille dans l'obscurité - ne commence.

Dans la première heure de ce Jour remarquable du Nuctémeron d'Apollonius de Tyane, les démons s'agenouillent devant les Dieux, et ceci indique la Transmutation totale de toutes les valeurs, des habitudes et des principes de vie.

Dans une période finale, le démon est poussé à s'agenouiller devant Deus.

Les événements accompagnateurs de cette phase, sont comme la danse de mort des démons qui ne veulent pas s'agenouiller.

Il y a toujours un moment, dans l'histoire de l'humanité, et dans la vie individuelle, où les choses ne s'accomplissent plus selon notre volonté, mais où elles font irruption en force.

Les imbéciles et les enfants gâtés questionnent - pourquoi?

Dans notre propre vie, n'avons-nous pas appris nos leçons précisément dans ces moments?

C'est une caractéristique typique de notre époque finale, où les leçons dures ont été évitées, repoussées et tournées en dérision.

Le désir intuitif pour apprendre ou accepter, semble disparaître.

La dure expérience n'est pas attractive - et parce qu'elle n'est pas aimée, les enfants gâtés de cette fin de période, l'ont rayée de leur livre de leçon. Dieu est Amour! Dieu est Bon!

Nous ne croyons qu'en l'Amour, clament-ils.

Mais cela signifie cependant: "C'est nous qui décidons ce que nous devons apprendre, et nous ne sommes préparés à écouter que ce que nous aimons".

Et qu'est-ce qu'ils aiment ces enfants gâtés?

Ils aiment ce qui est facile, ce qui ne cause pas de mal, et ce qui contentera leurs désirs déséquilibrés.

C'est leur conception de l'amour.

Selon eux, amour et punition - ou amour et dure expérience - sont des opposés, alors, ce qui est désagréable est repoussé.

On a créé ainsi un système raffiné par lequel on rejette ses propres résultats non désirés, sur autrui - c'est un jeu de cache-cache avec soi-même, le jeu préféré de l'enfant gâté de cette fin de période.

Un tel enfant d'homme n'a jamais appris à dominer la vie, ni a la nourrir.

Qui ne reconnaîtra un peu de lui-même dans ce comportement de vie?

Se cacher nous semble toujours mieux que se brûler.

N'est-ce pas un symptôme reconnaissable?

Un symptôme qui démontre la stupidité?

Et qui aime être appelé un homme stupide?

Certainement pas cet homme gâté.

Ni celui qui pense être adulte - et encore moins celui qui est si "instruit" qu'il est devenu comme un livre, un livre qui a été feuilleté constamment, afin d'y rechercher une inspiration animée.

Un bon livre peut être comme la mèche qui allume un flambeau - notre flambeau - nous!

Si nous étions un bon livre, nous brûlerions déjà.

Brûler, car l'heure de minuit s'approche déjà pour une grande partie de l'humanité. Dans cette partie de l'humanité, il y en a qui doivent s'éveiller, avant que l'Aurore du Nuctémeron n'embrase l'horizon, car ils doivent aussi chanter dans le Chœur des Lumineux - au moment où les démons s'agenouilleront.

Ils doivent chanter, car ils ont reçu pour cela leur Voix des Dieux - ils ont reçu une Voix des Dieux, une Voix intérieure pour louer le Grand Dieu, dans l'heure où IL les appellera.

L Appel ne se fait-il pas plus pressant et plus urgent dans cette phase finale.

Mais, à l'inverse, la musique bruyante, n'est-elle pas plus forte?

C'est pourquoi, les Fils de la Lumière doivent être capables d'écouter.

Celui qui ne désire pas écouter, ne pourra pas parler - après l'heure décisive, il ne sera plus capable de libérer la Parole.

La Parole pour une Re-création.

Il n'est pas question de choses abstraites ici - le présent est important, le fait d'être animé à cause de nos prochains, dans le présent - pour ceux qui éventuellement son endormis, et qui sont conduits vers l'abattoir par leurs profiteurs.

Il en va de la responsabilité de l'amour de ceux-qui-savent, que de faire un geste, un signe si percutant que quelques uns au moins se réveillent.

Un tel signe peut être puissant, il peut blesser - il peut être pénétrant ou effrayant - qu'il atteigne son but avant qu'il ne soit trop tard - là est le point important.

Personne n'est semblable.

Ce qui effraiera l'un, attirera l'autre - ce à quoi l'un réagira, passera devant l'autre sans occasionner de réaction.

Et qui peut juger ce qui est juste?

Est juste, ce qui se transmet d'un cœur touché par la pitié.

Est néfaste, ce qui se transmet par la engeance ou la haine.

Par la haine et la vengeance, les météores sont empêchés de se montrer dans le ciel. Mais cela ne réussira jamais, car un météore répond à une loi cosmique, une circonstance pressante lui dit de se libérer de son origine pour commencer son voyage à travers le ciel, afin que la terre soit éclairée, et que les hommes soient conscients de la présence du ciel où résonne l'Appel au Fils de la Lumière.

Il n' y aura que quelques météores, mais nombreux pourront être ceux qui entendront l'Appel des Cieux.

Puissions nous être parmi eux, car le temps viendra où nous ne discernerons plus les cieux.

A ce moment-là, nous ne pourrons que nous nourrir du chagrin, et notre vie ne contiendra que du mal, à cause de notre oubli de la Maison de notre origine.

L'Appel résonne encore, il est encore possible d'y réagir - il est encore possible de nous préparer à être un flambeau, mais bien sûr - un flambeau allumé, qui brûle et s'illuminera au moment où l'Etincelle des Cieux le touchera.

Que ce moment, Soit - maintenant!

©1977-2024 Henk et Mia Leene