"Celui qui est René par l'humilité est de la Race céleste"
Vondel
Peut-être serait-il sage de nous confronter de temps en temps, aux quelques dons, que doit posséder l'homme spirituel.
Ce sont des dons dont tout le monde parle, que tout le monde loue, mais qui ne sont la possession que de quelques uns, et qui ne sont vraiment appréciés que par un petit nombre.
Ceci est un fait unique: On en discute beaucoup, on les trouve difficilement, et lorsqu'on les trouve, on se dit heureux de ne point les posséder, car la société n'apprécie pas du tout les dons des Sages.
Si l'on veut rechercher la cause de toute la souffrance, de la guerre, de l'impiété, on la trouvera sans doute dans notre propre contradiction, et surtout dans notre faculté de dissimulation.
Nous admirons les sages - nous en parlons et annonçons que nous voulons les suivre - mais nous évitons les dons-de-base que nous devons posséder.
Il est évident que personne ne pourra jamais apprendre un don - nous nous mettons en route avec le schéma négatif de notre être, la structure de notre personnalité, la sagesse d'expérience de notre âme, et les handicaps possibles de notre organisme.
C'est pourquoi on ne peut jamais comparer les hommes les uns aux autres. Personne n'est identique.
Chacun a besoin alors de soins personnalisés, mais on doit savoir aussi qu'il nous faut penser d'une manière individuelle, si l'on veut parvenir à un développement de soi et de son âme.
Penser d'une manière individuelle, signifie faire ce que pratiquaient Hippocrate et Paracelse: Tenir vive son intuition.
Rassembler des expériences empiriques et finalement, "examiner le tout, mais garder le meilleur".
Si quelqu'un travaille de cette manière, il ne développera jamais des propriétés négatives et stupides, mais il sera en route vers les Dons des Sages. Son Intuition le protège contre le pédantisme et la suffisance - elle le remplit de respect pour Le Vivant, et le Créateur, ainsi, il ne deviendra jamais un arrogant - celui dont "le petit Archaeus" s'est éloigné du "Grand Archaeus", comme le dit Paracelse.
Car d'un tel éloignement, sont nés la grossièreté, le doute et l'agressivité actuelle. Celui qui suit attentivement son Intuition - il doit pour cela déjà apprendre à l'écouter - ne se perdra pas dans la multitude des théories.
C'est un danger qui menace un grand nombre de personnes, et qui engendre le désespoir, l'impiété et l'amertume.
Pourquoi tous les grands Sages n'ont-ils pas connu une telle incertitude intérieure?
C'est parce qu'ils ont établi leur fondement sur la plus ancienne pensée qui est à la base du monde: Le Créateur et la création sont UN - le macrocosme et le microcosme sont UN.
L'Intuition est un Don inné et indispensable qui relie Dieu et l'homme, ou l'âme.
C'est la pensée fondamentale de la re-ligion, et cette re-ligion a toujours été la base de la vie, de la santé et de la sagesse pour l'homme.
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Les expériences empiriques, comme le disaient les anciens, sont indispensables pour que la créature soit formée selon le modèle du Créateur.
Autrement dit: Les expériences empiriques nous façonnent, extérieurement et intérieurement, et font de nous un sage - même si cela doit durer des vies!
Il y a toujours ce point de détail intéressant: Pourquoi nous accrochons-nous aux théories qui nous perturbent, ou qui nous éloignent de la croissance vers la sagesse?
Le fait que nous aimons admirer - de loin - les Sages, est un vague indice: L'admiration signifie la dépendance.
L'étonnement pousse vers la recherche.
Nous devrions nous étonner des Sages - par ex. savoir comment ils ont obtenu ces dons tant admirés par nous?
Comment sont-ils parvenus à posséder un état de "sainteté", et surtout, quelle fut leur motivation pour une Vie spirituelle?
Vivre une vie spirituelle, ne veut pas toujours dire: rassembler des admirateurs, et rechercher des disciples.
Celui qui se sert précieusement de son Intuition et de ses expériences empiriques - avec conséquence et certitude - aura automatiquement des admirateurs et des gens étonnés dans son entourage.
Et ces deux types d'hommes seront la base des églises ou des sectes, et ils seront à la base des découvertes, les pionniers qui stimuleront un penser renouvelé.
L'homme-pionnier crée des saisons dans le développement humain, et il les vivifie: Le pionnier annonce un nouveau printemps, le chercheur prépare l'été, les hommes dogmatiques annoncent l'automne, et les conservateurs cristallisés appellent l'hiver.
Mais le stimulant de ces saisons de l'humanité, c'est le pionnier, celui qui s'étonne toujours, c'est l'homme modeste qui croit aux miracles, mais qui veut ardemment savoir comment se réalise ce miracle?
En lui, on peut reconnaître l'Alchymiste et l'Hérétique, le Sage et le Précurseur, sur tous les plans.
En lui - comme dans toute l'humanité - vivent les quatre saisons: Le Printemps apporte sans cesse le renouveau, accompagné par l'étonnement; après l'expérience empirique, l'été arrive: la plénitude de l'expérience; et ensuite l'automne, la diminution de la plénitude; et finalement ce sera le silence, la réflexion, la et l'examen.
De ceci naîtra de nouveau l'étonnement, et celui-ci apportera de nouvelles idées, et ainsi le printemps intérieur reviendra.
Ainsi, chaque homme - tout comme l'humanité - est dépendant d'un mouvement intérieur qui doit se produire sainement, d'une façon rythmique et surtout, sous la direction du Créateur.
Ce mouvement est une partie de la croissance intérieure; ne pensez pas que ce mouvement ait un rapport quelconque avec l'âge!
La Vie intérieure n'a pas d'âge!
Tout commence avec l'étonnement.
Celui qui peut encore s'étonner n'est pas rassasié, le fait d'être rassasié au point que plus rien ne peut nous étonner, ou faire naître le respect, signifie que les saisons intérieures ont perdu leur rythme et leur but - par ceci, le penser, les émotions et tout l'organisme - y compris notre développement spirituel - sont déséquilibrés.
C'est tout à notre honneur, si nous pouvons regarder avec respect la création la plus infime, et si nous pouvons nous étonner de son harmonie ou de son ingéniosité.
Cela veut dire que nous ne sommes pas encore trop arrogant, ou trop cristallisé, ou trop pédant, pour réaliser que nous sommes "personne", en chemin pour devenir "quelqu'un".
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Le Sage est modeste, disent les livres.
Qui sait ce qu'est la modestie?
Il y a de nombreuses interprétations de l'humilité, et parmi elles, il y en a de blâmables.
Cela prouve que l'humilité - en tant que l'un des Dons du Sage - n'est pas bien reconnue ou appréciée, bien que tout le monde dise que" le sage, doit être humble".
L'homme humble peut s'étonner, il peut ressentir le respect comme une sensation tangible, il peut témoigner d'une puissance intérieure très profonde, et il peut témoigner aussi d'une hauteur intérieure rayonnante.
Celui qui est confronté ainsi avec ses expériences empiriques, n'a pas de raison d'être arrogant, ni de se plaindre, car il a été invité à regarder derrière les coulisses du Grand Laboratoire.
Avez-vous déjà regardé vos propres expériences ainsi: Comme un regard que l'on jette dans les coulisses de la vie, afin de reconnaître votre réceptivité, et ainsi, vous pourrez conseiller les autres, les enseigner ou bien les initier.
Initier comme il faut - avec le conseil et la pratique.
L'Ecole de la vie n'est pas une école maternelle - c'est une école pour hommes adultes et dignes.
Ce n'est pas une pratique pour ceux qui ne savent qui ils sont, et qui sont remplis de lamentations sur eux-mêmes, ou de crainte du fait qu'ils ont perdu la main aimée de leur guide.
La vie est la pratique par laquelle on forme des Sages.
Et maintenant - vu sur le résultat est presque néant, il semble que cette vie de pratique, n'a servi à rien.
Les élèves ne deviennent plus sages, la vie ne les engendre plus.
Pourquoi?
Parce que nous sommes pétrifiés dans une admiration "à distance"; nous pouvons presque tout admirer à distance: les sages, la nature, notre organisme, les divers enseignements.
Ce que nous admirons, détermine notre niveau d'élève.
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La solution de la re-création intérieure se trouve toujours dans l'interaction. Notre santé se maintient grâce à l'interaction de l'absorption et de la diffusion - inspiration et expiration.
Il y a un contact, une interaction entre le monde en dehors de nous, et notre organisme intérieur.
L'interaction veut dire, être préparé à inspirer, et cette absorption est utile s'il y a de la place, s'il y a un besoin.
Supposez que nous disions: "Nous sommes remplis de souffle", nous sommes rassasiés de souffle.
Que serait le résultat?
Comment pourrions exister s'il nous était impossible de respirer - par le fait même que nous serions incapables de transmettre ce souffle?
Se formerait-il une déformation vésiculaire?
C'est exactement le cas dans la spiritualité et la ré-création: la résurrection en tant qu'homme spirituel originel.
La concentration des éléments inspirés par l'absorption, doit entraîner une diffusion - L'accumulation d'enseignements, d'idées et de théories, doit entraîner une diffusion de notre penser et de nos émotions. Si rien ne se passe, nous sommes alors cristallisés - malades, spirituellement morts, et cela aboutira à des déformations organiques.
Nous deviendrons des apathiques face à la spiritualité, et finalement, nous nous fermerions - et la liaison entre "le petit et le Grand Archaeus" qui nous a garde Vivant dès, le Commencement, périra, et puis ne sera plus.
Ainsi, la chance de devenir un Sage ou un René passera.
Il n'y a qu'à regarder autour de nous pour le constater.
L'étonnement passe - et nous restons des admirateurs à distance.
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Mettre de l'ordre dans notre fatras en nous-même, est une occupation utile, bien que ce ne soit pas une fin en soi.
Par ce rangement, il se fera plus de place, et nous pourrons de nouveau respirer intérieurement.
L'homme qui est rassasié de connaissance, ne se sent-il pas toujours étouffé, fatigué et gâté?
Il n'y a pas un seul homme - au terme de sa vie - qui n'ait atteint le sommet de son pouvoir intérieur!
Aussi, le sage apprend-il encore chaque jour.
Il n'y a que l'homme stupide qui ne veuille plus apprendre.
Atteindre la sagesse et en posséder, se démontre par l'expérience du non-être.
Et les hommes auront peut-être de l'admiration du fait qu'ils pensent que vous êtes "quelqu'un".
Personne n'est plus stupide que la foule!
Mais beaucoup plus stupide encore est l'homme qui se laisse admirer par la foule, comme un sage! Nous voulons nous garder vivants - et pour cela, il est nécessaire de nous stimuler, d'écouter, de demander, de travailler et d'arranger notre fatras.
Mettre de l'ordre dans notre fatras du passé, est le travail le plus difficile dans la vie de l'homme. Ce fatras qui s'amoncelle étouffe toute vie nouvelle et jeune.
Il nous empêche de respirer spirituellement.
Et celui qui "est en route vers les hauteurs", doit pouvoir respirer profondément et intensivement, sur le plan spirituel.
Aussi longtemps que je trébuche toujours sur le même caillou, c'est que je n'ai pas rejeté ce caillou. Aussi longtemps que je cite sans cesse les mêmes sentences ou écrits, du fait que je les admire à distance, c'est que je ne les connais pas par la pratique, je ne les ai pas respirés!
Heureux est celui qui possède encore de la lumière, pour la laisser jouer dans les recoins de la sagesse oubliée, car il y rencontrera alors la sagesse.
L'étonnement est lumineux.
L'admiration est grisâtre.
Dans la vie, on doit se protéger contre l'admiration, mais se réjouir de l'étonnement.
Il n'y a que là où se mêlent l'admiration et l'étonnement que la vie sera engendrée par eux deux.
Si j'admire quelqu'un de la bonne manière, je m'étonne intérieurement par exemple, de sa force. La source où il puise sa force, m'incitera.
Ceci me stimulera, me réveillera et me poussera à la recherche, me donnera énergie et réflexion.
Bref: La spiritualité est la VIE qui existe par une Intuition ouverte, par des expériences empiriques, et par la décision et le verdict de l'examen.
Nous serons plus proche de notre Créateur, lorsque nous connaîtrons de première main, l'un de ses Aspects.
Nous comprendrons ce qu'est le "meilleur" des Sages, lorsque nous connaîtrons les aspects de leur Sagesse.
Ainsi, nous ne discuterons plus sur "l'humilité des sages", allant ensuite nous combattre à cause de ce thème, mais nous sourirons et nous nous sentirons liés à telle citation de ce sage admiré.
Et nous nous étonnerons d'être si isolés dans une telle liaison.
On parle souvent ici, de la "flamme qui danse".
Une flamme qui danse donne une sensation intérieure de chaleur, de bonheur, de paix ou d'encouragement.
Si une telle sensation fait défaut, il n'y aura alors qu'un monologue - soit par celui qui parle, soit, en pensées, par celui qui écoute.
Là où deux êtres ne parviennent pas à laisser danser leur flamme, tous deux seront coupables.
Le premier n'a pas bien dirigé son poste émetteur, et le second aura dirigé son poste récepteur d'une mauvaise manière.
Si tous deux parlent d'un même sujet, cette incompréhension sera encore plus tragique.
Qui de ces deux sera ou deviendra un sage?
Concluons par cela: Nous désirons tous être plus sage - sinon, nous ne nous intéresserions pas à l'ésotérisme.
Si nous avons le sentiment de ne pas être devenu plus sage au fil des années, c'est que nous n'avons pas appris nos leçons, tout simplement.
Et pourquoi?
Parce que notre Intuition n'a pas travaillé convenablement.
Et pourquoi n'a-t-elle pas travaillé?
Parce que nous étions, ou sommes encore, tout encombré de fatras, parce que nous évitons de rejeter ce qui est inutile.
Avez-vous déjà remarqué combien l'homme arrogant est rempli de choses inutiles?
Le rejet est un aspect de la saison de l'hiver.
Il appartient au silence - au repos - mais il n'appartient pas aux exercices méthodiques.
La cristallisation et le dégel sont aussi deux aspects de l'hiver.
La plupart des hommes sont cristallisés dans des idées reçues.
Ils vivent constamment dans un hiver pétrifié par le gel - en toute logique, leurs émotions gèlent également, ce qui rendra leur organisme défectueux.
C'est pourquoi les hommes dogmatiques, les fanatiques cristallisés, sans émotions vivantes et douces, ont été coupables de sadisme par leur persécution des hérétiques.
C'est pour cette raison qu'aujourd'hui aussi, les mêmes types d'hommes suivent ce même comportement. Celui qui est cristallisé dans l'admiration, risque de devenir un destructeur - qu'importe de qui, même de lui-même.
Le comportement intuitif, réceptif est la condition du développement-de-soi pour arriver à la sagesse.
L'Intuition est comme la recherche, stimulée de l'intérieur, des sources cachées. Notre conscience nous garde dans des limitations utiles. si nous vivions ainsi, les Dons des Sages - y compris l'humilité - ce ne seraient pas des dons admirables, mais des comportements actuels et évidents.
On n'en parle pas, on les éprouve.
Que nous tous puissions croître dans la Sagesse - que notre extérieur soit le témoin digne de notre intérieur, car ce qui est à l'intérieur, se démontrera toujours vers l'extérieur.
Que cet intérieur démontre donc ainsi la Sagesse.