La méditation du neuvième chemin

On peut entendre partout de nombreux exposés intellectuels; ils ont une action informative et peuvent nous influencer sans que nous ne nous en rendions compte, car l'homme pense, n'est-ce pas?

Et c'est notre manie que de tout vouloir déterminer et examiner avec la tête et les mains, sans que le cœur n'ait quelque chose à dire.

Que ce soit pour des choses matérielles ou spirituelles, l'homme se servira de sa tête et de ses mains, ou essaiera de conditionner son cœur à les accepter.

Il est un peu ridicule de voir comment nous nous efforçons de faire apprendre telle ou telle chose à notre cœur, car ce cœur, en fait, possède toujours plus de savoir que la tête et les mains.

La méditation serait donc une méthode d'enseignement pour le cœur; le cœur devrait apprendre alors à s'unir avec le Tout.

Il devrait apprendre la signification de l'Unité. Mais, y a-t-il quelque chose de plus indivisible que le cœur?

Nous conditionnons notre cœur à se joindre, sans protestation, à telle ou telle idée ou opinion; et bien que le cœur ne le souhaite pas, il n'a pas son mot à dire. L'intellect, qui est en accord avec la logique d'une quelconque idée, instruira le cœur dans l'unité avec le cosmos.

Ne sentez-vous pas ici, combien le monde est désaxé et marche à l'envers?

Avant même que nous nous décidions à commencer une méditation, l'intellect nous aura déjà suggéré que nous en avons besoin, ou bien que celle-ci sera la seule possibilité pour atteindre tel ou tel but.

Tous ces efforts prouvent en fait que la dualité voudrait enseigner l'Unité - mais la dualité - le deux - n'a pas de pouvoir, elle est cachée, elle doit attendre, recevoir, garder l'harmonie.

Elle provient du giron de l'Unité.

De cette incompréhension du deux, ou de la dualité, qui prend souvent chez nous la direction de l'intellectualisme, ne découlent que des formes diverses et variées de méditations qui se dirigent toutes vers un repos, un calme compris dans le giron de la dualité.

Mais la véritable méditation provient de l'Unité, car seule l'Unité peut s'identifier au Créateur, à l'Univers, avec tout ce qui est déjà unité selon la Loi de la Création.

Eh bien, comme nous l'avons dit, l'homme du Neuvième Chemin est une Unité, et il médite alors d'une manière totalement différente de celles pratiquées par les âmes inquiètes. Méditation et Identification sont synonymes. L'Identification n'est réussie que lorsque l'âme sait qui est le Créateur, et qu'elle est elle-même semblable au Créateur.

Ce qui fut le cas au Commencement. La difficulté provient du fait que nous avons perdu cette égalité; et il est évident que nous ne savons plus maintenant qui est Dieu - et dès lors, nous ne pouvons plus nous identifier à Lui.

La méditation, dans toute conception religieuse, c'est devenir "un" avec Dieu, Allah, le Bouddha ou n'importe quelle autre image. On veut dire par là cependant, que l'homme en méditation doit ressentir la force divine, que cette force doit se surajouter à la sienne.

Car être véritablement UN, cela est impossible tant que l'âme de celui qui médite n'est pas Dieu, ou Allah. Nous pouvons être "un" avec la vibration qui est présente en nous; nous nous unissons alors pendant la méditation avec nous-même.

Ainsi, la qualité de notre méditation est-elle dépendante de la qualité de notre propre intérieur. Personne ne pourra s'identifier avec quelque chose de plus élevé que lui, car les vibrations basses ne peuvent jamais saisir les vibrations hautes - l'inverse est par contre possible.

Chacun devrait donc aller à la limite de ses possibilités, et ce n'est qu'après une croissance, un ennoblissement ou un approfondissement de soi que l'on pourrait être capable d'accepter des vibrations plus élevées.

Dans le meilleur des cas, nous essayons de comprendre ce qu'est le "plus élevé", et bien sûr nous faisons cette tentative avec notre intellect.

Nous pouvons, aussi "ressentir" quelque chose, mais ceci est toujours limité et partiel, car ce n'est pas une possession, puisque nous n'en avons pas une compréhension totale.

C'est pourquoi l'idée ancienne selon laquelle tout développement doit s'accomplir petit à petit, selon un processus - un processus intérieur - cette idée est exacte. Ce qui est "plus haut" peut nous atteindre et nous saisir, et par cela les vibrations nobles rayonnent à travers nous et nous unissent ainsi à elles - mais ce n'est pas une Identification.

L'Identification se rapporte à un développement intérieur.

La méditation est alors une chose normale pour l'homme du Neuvième Chemin. Avant cette phase, toutes les formes de méditations ne sont que des tentatives faites pour trouver le repos, des palliatifs, des essais pour tenter d'imaginer un autre champ de Vie.

L'Ermite du Neuvième Chemin n'est plus à se demander avec quoi, ou avec qui il s'unit ou s'identifie. L'Unité est l'Unité - et la Lumière est la Lumière.

La véritable Unité est le giron de naissance de la dualité; ainsi cette Unité n'est-elle pas connue sur terre, car tout naquit d'Elle pour devenir double.

Ici se trouve l'Œuvre à réaliser pour toutes les âmes qui sont le Chaos; qui vivent dans cette création. si elles étaient véritablement "UNE", elles n'auraient jamais quitté Dieu.

Le libre-arbitre qui est toujours présent, est une provocation qui ne sera cependant jamais supprimée. Toute âme peut neutraliser cette provocation par l'expérience. Ce que l'on a pu accomplir d'injuste ou de faux, on ne le fera jamais plus, n'est-ce pas?

Celui qui n'aura jamais commis d'erreur, risquera toujours d'être provoqué, il rencontrera un jour la curiosité (le deux) et sera tenté.

C'est pourquoi le sens que nous donnons au terme "bon" est si douteux et tellement relatif.

Est-ce que ceux qui sont restés dans l'ignorance sont bons?

Seul Dieu est Parfait, et ceux qui connaissent la Perfection.

Lorsque l'Ermite du Neuvième Chemin médite, il rentre dans sa Maison, la Maison qui l'a vu Naître. Et c'est tout autre chose que d'essayer de s'unir à une vibration inconnue dont on pense qu'elle est noble ou élevée.

Il n'y a pas de supposition ou de spéculation dans l'Ermite, il n'y a que le Savoir.

Nous acceptons telle ou telle chose par suggestion, ou bien parce que nous sommes en accord avec, et ce, parce que notre intellect l'approuve ou que notre cœur s'y accorde. C'est pourquoi cet "accord" est toujours relatif - en tous cas, si l'on y croit intérieurement.

Cette relativité entraîne la discussion.

Celui qui est UN avec la Lumière n'en parle pas, ni ne se tait par ignorance - mais il est UN.

Il est alors évident que cet Ermite n'a pas besoin de mantram, ni d'aucun moyen, méthode ou aide quelconque pour tenter de s'unir ainsi avec ce qui serait "bon" pour lui.

La méthode même, quelle qu'elle soit, prouve déjà que l'âme est contrainte et forcée - elle doit se plier à un exercice pour s'y accoutumer - et c'est en toute logique ici, un travail pour l'égo; car l'âme, elle, ne fait pas d'exercice ni d'essai.

Elle partage, ou ne partage pas, c'est tout.

Si l'homme dont il est question, ne sent pas que son âme ne prend pas part à sa méditation, ce sera alors une affaire tragique - surtout s'il s'endurcit coûte que coûte dans une telle méditation, qui ne concerne plus en fait que l'égo, en lui prescrivant un état d'être voulu par lui-même.

Celui qui sait ce qu'une Identification avec la Lumière peut accorder, sait comment l'on se sent dans un tel moment: Sain, heureux, chaud à l'intérieur, une totalité en soi, une Unité - Bref, Celui que l'on est véritablement, s'épanouit et se déploie comme une présence absolue.

Et cette situation n'a rien de nouveau pour l'homme concerné, car il connaît Celui qui croît.

Une telle méditation n'est jamais partielle; ce n'est pas une victoire difficile sur des pensées superficielles, ce n'est pas une répétition monotone pour finalement être captivé par quelque chose dont on pense que c'est "bon" pour nous.

Non!

Mais, sans peine et sans effort, l'âme s'adonne au Grand Tout; et pas dans l'ignorance et en flottant - non - car une Force concentrée se dirige alors et se fait sentir dans une telle âme.

Avec cette Force, elle va travailler, elle en vit; elle ne prêche pas, elle ne fait pas de prosélytisme pour gagner des âmes - non - elle travaille avec cette Force, simplement.

Travailler signifie ici, Donner.

Une telle méditation n'est pas non plus fixée à un moment précis, à un temps limité - non - car c'est un état durable.


Le UN est 9, et le 9 est UN - inséparablement liés.

Le UN du Commencement est vacant, il écoute, il accepte le conseil.

Le courant des impulsions cosmiques se meut en lui et le fait ainsi vibrer; il s'épanche alors dans le deux. En tous cas, tout chemin de recherche devrait commencer ainsi.

Le UN qui est devenu un 9, sait comment prier et méditer parce que pour lui, méditer et prier sont deux états semblables. C'est ce dont témoigne Hermès, lorsqu'il célèbre avec Imhotep (Asclépios) Tat et Hammon, l'Hymne secret. Lors d'une telle méditation, on peut être avec ses semblables, et la beauté d'un tel moment est plus grande encore lorsque ceux qui célèbrent l'Hymne secret, sont réunis en pleine nature, en unité avec ce que le Créateur a créé.

On peut ainsi concentrer et unir tout ce qui est double dans sa nature, avec Lui, l'UN.

Hermès et les siens se tournent vers le sud, le lieu de la pleine lumière, et prononcent, par ex. ces paroles:

"Ne murmurez point, vous, arbres -

Je vais commencer à louer le Seigneur de la Création,

Celui qui est le Tout et l'Un ....."

Tout âme qui connaît l'Unique, sera touchée. Ce n'est pas pour rien qu'il est écrit qu'Hermès refusa de brûler de l'encens.

L'encens influence le cœur, étourdit les sens et affaiblit la raison; et prononcer une telle Prière méditative, n'est alors pas possible ainsi.

Soyez attentif: il n'est pas question de l'intellect, mais de la Raison, la Conscience de ce que l'on fait.

Prononcer un tel Hymne remplit l'âme de Joie; même le fait d'y penser seulement - avoir l'idée que l'on va célébrer l'Hymne - remplit déjà l'âme de Joie et de Reconnaissance.

Lorsque l'on commence à prononcer un tel Hymne, l'âme et l'organisme s'ouvrent, et l'égo harmonieux s'adonnera à un tel Hymne - point n'est alors besoin pour cela d'avoir recourt à un artifice végétal quelconque.

Cette reddition est raisonnable, elle provient de la Connaissance et de l'Amour. Il n'est pas question d'exaltation, ni d'un abandon docile à quelque chose que l'on ne connaît pas.

Chaque âme - et surtout celles qui se trouvent sur le Huitième Chemin - protestera dès qu'elle sera contrainte par l'égo de s'unir à quelque chose qu'elle repousse.

Une âme n'est jamais docile - Une âme est individuelle.

Il n'y a pas d'âme consciente qui s'unisse avec ce qui serait plus bas qu'elle, sans qu'elle ne sache le dominer. S'unir avec quelque chose qui lui est inférieur, est motivé par la pitié, par le désir d'aider, de "vivre avec".

Mais elle ne le peut que si elle est déjà un Individuum, si elle peut s'Identifier avec la Lumière.

Avant cet instant, elle repoussera absolument tout ce qui lui est inférieur, car l'inférieur peut toujours arriver à dominer une âme qui porte encore en elle de cette même infériorité: le semblable saisit le semblable.

Et dans chaque âme qui ne connaît pas encore le Neuvième Chemin, vit toujours quelque chose de la faiblesse - c'est absolument logique et évident. C'est moins évident lorsque cette âme refuse quelque chose par crainte - mais quelle âme du Huitième Sentier connaît encore la crainte?

Une âme mûre refusera de répéter les mêmes expériences, des expériences connues qu'elle a donc déjà traversées.

Mais elle s'unira toujours à ses semblables, qu'importe si celles-ci sont moins évoluées qu'elle.

L'inférieur - c'est ce qui veut lui prendre sa Lumière pour s'en nourrir.

Le "bas", c'est le mal qui veut profiter de la Lumière à des fins égocentriques. Ce "mal" là ne se trouve que dans les cercles spirituels, c'est-à-dire, là où la spiritualité s'est transformée en mal.

La création n'est pas mauvaise, elle n'est que divisée.

C'est la raison pour laquelle la méditation peut aussi être utilisée par ce "mal". La nature ne médite pas, elle adore et écoute.

Méditer, c'est un mouvement.

La dualité de la nature est une force aveugle qui se meut sous l'impulsion du Un ou du Neuf.

Toute méditation immobile provient alors de la dualité qui désire coopérer - et cela est bien sympathique, mais ce n'est pas spirituel.

Méditer, c'est toucher la Force essentielle, la rayonner et la construire.

La méditation est aussi une détente après un processus parfait d'efforts.

Tout comme dans la société, l'on recherche la détente après l'effort du travail quotidien. S'il est difficile pour nous de nous détendre, c'est par réaction à notre échec dans la succession des processus des 9 Chemins.

La détente spirituelle après l'effort - l'action de l'âme sur le Chemin de recherche, est parfaitement normale.

Jusqu'à maintenant, nous nous sommes constamment occupés à nous efforcer de nous détendre. C'est le monde à l'envers, encore une fois!

Car pour la détente, on n'a pas besoin d'effort.

L'effort appartient à la préparation. Et la préparation appartient à l'action de recherche.

Nous sommes précisément surchargés de recherche spirituelle, comme de notre travail quotidien. Nous "sommes cherchés", et nous "sommes attelés". L'âme qui cherche fait des efforts, mais avec Joie.

Avez-vous souvent vu un homme ésotérique qui cherche avec de la joie?

Non?

Alors, ce n'est pas son âme qui cherchait, mais son égo. L'égo, lui, s'évertue et fait tous ses efforts avec l'aide de sa volonté, ridant son front et parfois même grommelant, car ainsi, la violence sera là.

L'âme, elle, cherche car elle y est poussée par une Souvenance Originelle, grâce à Dieu! Et cette impulsion intérieure la fait chanter - sans cette impulsion, elle se sentirait vide, et le vide la rendrait malheureuse.

Elle pleure alors, car sa nostalgie l'oppresse.

C'est pourquoi l'on dit de l'âme du Neuvième Chemin: Elle a désappris à verser des larmes.

Vous comprenez pourquoi?

Ce "sentiment- de détresse" lui est alors inconnu.

L'âme qui pleure est comme une âme qui appelle, une âme qui se lamente et qui est pitoyable. C'est le stade de la dualité qui, logiquement doit être vécu. Mais un jour viendra où chaque âme devra comprendre que la recherche est appelée à devenir plus noble, et qu'elle doit finalement "aboutir".

Et cet "aboutissement" est semblable à l'Identification avec l'Unité.

Mais le fait d'avoir "trouvé" est aussi un mouvement.

On ne dit pas:" J'ai trouvé", mais: "mon âme trouve".

En trouvant, on s'approfondit, car le Trésor est illimité.

Une âme méditative est une âme divine si, par la méditation, elle domine le char de son égo, le transforme et le rend heureux.

Un égo torturé est victime de lui-même, et pas de l'âme.

Pourquoi l'âme torturerait-elle l'égo?

Elle l'illumine, elle le rend plus harmonieux, elle développe sa raison et ses sentiments. L'âme n'est pas sadique, elle travaille par la raison et le cœur, par la Connaissance et l'Amour.

Si l'âme souffre, l'organisme en pâtira malgré lui. Car l'organisme ne détient pas la décision, il n'est qu'une partie des forces dualistes et aveugles de la nature.

Ces forces suivent une loi innée, mais elles ne décident pas individuellement. L'âme peut décider.

Sur le sixième chemin, c'est l'âme qui décide.

C'est pourquoi, chaque Fils de la Lumière - toute âme déchue - est responsable de ce qu'il fait ou ne fait pas. C'est une question pénible, car bien des âmes - tout comme bien des égos - veulent fuir leurs responsabilités.

Accepter ses responsabilités, c'est un des aspects de l'individualité.

Il n'y aura aucun chemin de recherche possible pour l'âme, qui ne puisse être parcouru, sans prise de responsabilité.

Du Premier au Neuvième Chemin, la responsabilité accompagne le candidat. Celui qui repousse sa responsabilité - qu'importe le motif - refuse en fait tout chemin de recherche pour son âme.

La véritable méditation est également accompagnée par la responsabilité.

L'âme doit rendre compte de ce qu'elle fait, et elle ne le peut que si elle sait ce qu'elle fait.

Toutes les autres formes de méditation s'accomplissent sans elle.

Cette responsabilité innée de l'âme nous a enchaîné à un Chemin de Retour, n'est-ce pas?

Autrement, nous pourrions dire: Que m'importe que ce soit ceci ou cela.

C'est la tentative d'échappée des ignorants ou des âmes encore latentes.

L'Ermite du Neuvième Chemin a établi sa croissance sur cette responsabilité, il est devenu ainsi adulte. L'âme adulte a choisi consciemment le chaos jadis, et cette âme adulte s'en retournera tout aussi consciemment.

Notre Connaissance et notre Amour nous ont été dérobés, ils ont été recouverts après la soi-disant chute.

Ne pensez pas toujours à cette âme comme à un petit et pitoyable embryon, mais pensez un jour à une Force.

Ce petit enfant immobile, enroulé dans ses langes doit disparaître de notre penser.

Ceci nous rendait paresseux, dépendants, dociles et serviles.

Un Atome Divin n'est-il pas plus Puissant que tous les atomes de la dualité?

Nous savons que le Créateur est plus que tout et que tous.

Eh bien! Que faisons-nous couramment avec ce petit enfant immobile?

Notre âme est un Atome Divin, un reste de Perfection.

On peut relire cela chez Hermès et chez Pythagore, et chez tous ces Sages qui Savaient.

Personne d'entre eux n'a dégradé la Divinité jusqu'à une petite sphère d'impuissance. L'Ermite est le Sage qui Sait.

Pour cela, il est rempli de Joie, rempli de Paix, rempli de Gratitude et surtout, rempli de Louanges pour l'UN, qui est le TOUT.

Puissions-nous tous devenir une telle Prière.



Voilà le grand Trésor qui n'a jamais été divulgué.

Synopsis en 9 images de la réalisation du Grand Œuvre alchymique.

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