La philosophie est une compensation vis à vis des déceptions et des difficultés dans l'existence pour de nombreuses personnes.
C'est une soupape d'échappement par laquelle elles peuvent laisser aller leurs pensées et leurs sentiments, sans que leurs amis-philosophiques ne les trouvent étranges ou extravagants pour autant.
La philosophie est une fuite pour l'âme affamée - et c'est surtout la théorie philosophique, qui est une compensation pour l'âme paresseuse et pour la conscience coupable.
Aussi longtemps que je prononce de belles ou de sages paroles, je ferais sur mes prochains une impression meilleure que je ne suis en réalité - c'est du moins ainsi que l'on pense inconsciemment.
C'est une réaction de la loi de cette nature qui trouve, pour toute chose, une contre-partie; et c'est aussi une réaction par laquelle naissent, par exemple, les maladies psychosomatiques.
Chaque pensée, chaque réflexion, chaque émotion a pour conséquence une réaction; rien n'existe par soi-même dans cette création; tout est double, afin de maintenir ainsi en équilibre la nature et les créatures.
Le plus curieux, c'est que l'homme-pensant n'en tient à peine compte, et qu'il pèche en effet constamment contre les règles déterminées qui se vengent toujours à son encontre.
Nous fuyons sans cesse, et nous nous réfugions dans l'une des deux forces, attribuant ainsi pour toute chose, une étiquette:
-
Il est ceci ou cela -
Il est introverti ou extraverti -
Il est effronté ou timide -
Il est arrogant ou modeste.
On peut trouver ici une quantité de nuances, mais cela devient plus regrettable lorsque l'on dit: Il est bon ou il est mauvais.
Et il serait inacceptable pour un homme que l'on puisse dire de lui: Oh, il n'est ni bon ni mauvais.
Nous tentons de fuir dans la philosophie, car celui qui se veut philosophe, essaie de se soustraire à la dure loi de la nature qui contient ces deux opposés. En toute logique, nous sommes très loin de l'ancienne signification du véritable philosophe: Celui qui aime la Sophia - la Sagesse.
Lorsque nous voulons parler de la Pratique du Neuvième Chemin, nous devons entrer logiquement dans la sphère du Sage.
Comment vit le Sage?
Comment pense-t-il?
Comment agit-il ou réagit-il?
Il y a de nombreuses conceptions sur le sage.
Chacun élabore sa propre image idéale, mais celle-ci n'a cependant rien à voir avec le Sage du Neuvième Sentier, car celui-ci s'élève bien au-dessus des images des hommes sans principe.
Ce Sage n'est pas une image idéale, mais il est le stade final d'un travail intérieur.
Qui peut être en mesure d'imaginer ce qu'il ne connaît pas?
Dans l'enseignement des nombres, le 9 contient l'ensemble des dons précédents, et ainsi l'on arrive à la perfection d'une créature supra-normale qui, paisiblement, offre son service dans la nature.
Nous nous faisons aussi toutes sortes de représentations et d'idées curieuses sur ces créatures - nous les adorons, ou bien nous les méprisons - nous les considérons comme étant maladives, ou bien comme étant abstraites. Souvent, nous considérons des êtres déracinés comme étant supranormaux, bien que l'on ne puisse pas dire d'eux qu'ils soient sur le Neuvième Chemin; car chez l'être qui est déraciné, perturbé, la "queue du neuf" (9), le contact avec la terre, fait défaut.
Dans les écritures hermétiques, on trouve des paroles intéressantes au sujet de l'homme hermétique: "Hermopolis", est-il écrit, "était sa ville, la ville du Huit ou Ogdoade, dont il fut le dominateur."
Il y avait Huit Fils de la Lumière qui eurent chacun une région, ou un Champ vibratoire. Au-dessus, se trouvait Hermès, le Dominateur, le Trois-fois-Grand.
Dans la série des nombres, on peut le voir ainsi:
Le 1, est le pionnier, l'Energie -
Celui-ci devient dans le 2, comme la Connaissance -
et se démontre dans le 3, comme la Lumière.
Telles sont les 3 Nobles Fondations.
Ensuite, le 4 construit un giron, un laboratoire pour cette Lumière -
et le 5 se lie, à travers cette Lumière, à la Source Originelle, maintenant et pour toujours.
Le 6 décide alors s'il va s'élever au travers de cette Lumière, ou bien s'il va construire sa demeure sur terre.
Le 7, rempli de courage, lève l'étendard, le signe du triomphe, en chantant, car il L'a trouvée.
Mais le 8 lui prend ce signe du triomphe et essaie de percer vers la Lumière Elle-même, à travers la Via Dolorosa.
Finalement, le 9 entre dans la Sphère Originelle, et il ne peut pas faire autrement que d'en témoigner et d'en parler, sachant maintenant que la crainte est imaginaire.
"Sachant maintenant que la crainte est imaginaire."
Cette phrase est magique.
Et nous pouvons nous poser la question: "Nous reconnaissons-nous dans l'homme du Neuvième Chemin?"
Dans la pratique, c'est le Chemin du "sans-craînte", le Chemin de la Connaissance, de l'Amour et de la Fidélité. Tous les péchés contre ces propriétés proviennent de la crainte: Soit par un complexe de supériorité, soit par un complexe d'infériorité. Ces deux types d'hommes sont anxieux pour eux-mêmes.
La Certitude intérieure du Neuvième Chemin, place paisiblement le centre de gravité dans la Tête de cet homme du Neuvième Chemin, dans sa couronne.
Combien de personnes n'essaient-elles pas, surtout lorsqu'elles sont jeunes, de trouver une certitude matérielle?
Etre solidement ancré dans la terre, les pieds bien fixés dans la boue matérielle, n'est-ce pas? Mais la boue nous pompe, elle nous aspire.
Le 2 est le signe caractéristique du deuxième chemin.
Y avez-vous reconnu l'image d'un homme agenouillé?
Le "un" recherche la certitude dans le sol, mais sur le deuxième chemin, l'âme prie.
Que pense-t-elle? Quelles sont ses réflexions?
Le haut courage du "un" s'est changé en modestie, la modestie d'une figure agenouillée, et l'essentiel de la prière sera défini par la qualité du "un" - par le bon ou le mauvais commencement - Par nous-même, en fait, vous et moi, dans cet instant où nous considérons notre vie; cet instant où notre véritable caractère dominera notre vie.
Le Neuvième Chemin n'apporte pas de surprise pour le promeneur.
Il connaît la vie, il connaît les deux pôles opposés, et il sait qu'il possède un instrument qui pourra être le jouet de ces deux forces aveugles.
Seulement, maintenant, il ne le permettra plus!
Elles passeront devant lui comme des forces aveugles, et ne le toucheront plus dans son point faible - comme Hodur le fit chez Baldur, le Fils du Soleil. Il a supprimé son point faible par l'esprit.
Chaque créature naturelle a son point faible, et c'est pour cela que l'on dit au commencement du Chemin: La Connaissance de soi est une nécessité urgente.
La Connaissance-de-soi, c'est découvrir son point faible, et le protéger.
Un "point faible" est toujours un point psychique sensible qui se démontre dans un organe quelconque. N'oublions pas que chaque organe a des liaisons psychiques. Et c'est donc une conséquence de notre mentalité spirituelle, lorsque notre point faible entraîne des réactions maladives, ou non.
Le Neuvième Chemin, et celui qui le parcourt, sont traversés et entourés de Lumière. La Lumière spirituelle nous protège des maladies, chacun le sait maintenant. Et donc pour cela, ce n'est que l'Art de rassembler assez de Lumière qui pourra nous apporter cette protection.
Mais c'est un problème que l'Ermite ne connaît pas.
La Lumière ne le quitte plus, et il ne quitte plus la Lumière.
Pouvez-vous vous imaginer ce que veut dire: Etre toujours accompagné par la Lumière?
C'est comme une situation, un état dans lequel rien ne se passerait qui pourrait blesser, faire peur, procurer de l'amertume ou irriter.
Et pourtant, ce ne sont pas les circonstances qui sont devenues plus tolérantes, mais c'est l'homme qui s'est changé et qui domine ces circonstances.
De l'extérieur, nous ne pouvons pas juger si untel ou unetelle a une vie dure ou facile. Car, il y a des gens qui sont pleins de joie dans les circonstances difficiles et dures, et il y a des personnes qui se plaignent constamment dans des circonstances cependant faciles.
Le Neuvième Chemin n'est pas non plus une phase d'expériences, mais c'est l'homme lui-même - il est le Neuvième Chemin.
Et tout ce qui se trouve autour de lui s'accordera avec lui.
Au plus profond de son être, un telle situation a déjà commencé sur le premier chemin, par le fait même que l'essentiel du Chemin de recherche spirituel, se fonde sur l'homme qui fait ses circonstances.
Malheureusement, on ne réalise pas encore cela au début, et l'on se laisse déformer et détourner par des choses de second plan.
Qui ne s'est jamais irrité de s'être de nouveau laissé détourner, et d'avoir commis la même faute?
Qui n'a jamais découvert que les circonstances s'arrangeaient et souvent devenaient tout autre que ce qu'on avait pensé au début?
Qui ne s'est jamais aperçu que moins on se lie aux misères, plus vite elles passent? Et qui ne sait pas que nous tous - chacun pour soi - nous sommes la cause même des liaisons qui maintenant nous empêchent ou nous étouffent?
Et que de temps est perdu à nous détacher de ces liaisons entravantes!
Tout ce que nous avons lié une fois, devra un jour être délié.
Mais aussi, la Crainte de se lier étouffera souvent plus que la liaison elle-même.
L'ignorance est le plus grand péché, n'est-ce pas?
Il y a des personnes qui fuient toujours par crainte de se lier à quelque chose - par crainte de faire du karma - par crainte de perdre leur "liberté".
Mais qu'est-ce donc que cette liberté?
De l'égoïsme!
L'homme du Neuvième Chemin est Libre, car il sait, et ainsi, il ne répète pas les mêmes expériences. Il connaît aussi bien le haut que le bas.
Il sait dominer et servir. Il ne possède plus un égo déséquilibré qui pourrait l'attaquer avec les craintes et avec l'esprit de domination.
Le Neuvième Chemin ne se trouve pas alors ici ou là. Il est l'homme.
Vous pouvez l'être, et moi aussi.
On peut le rencontrer dans nos prochains et en nous-même.
Il s'enracine profondément dans notre organisme et dans notre âme.
Il domine l'égo et l'organisme, et réchauffe l'âme, bien qu'il ne contienne pas de violence, ni aucune méthode pour l'égo, méthode par laquelle on démontre cette froide discipline-de-soi où l'Amour, la Chaleur et la Lumière sont absents.
Lorsque cet homme parle, la Lumière rayonne de lui; il transmet son âme.
Pourrait-il faire autrement?
Il est privilégié, mais personne ne voudrait ou ne pourrait échanger avec lui. Personne, hors de lui, ne pourrait dominer de telles circonstances.
Personne que lui ne demande de telles choses à la vie et n'estime moins les possessions apparentes.
Même si nous sommes modestes dans nos désirs matériels, il reste toujours et encore le "moi". Ce "moi" reste la plus tenace possession des deux pouvoirs aveugles, parce qu'il est né de leurs forces.
C'est pourquoi le "moi" n'est pas mauvais, mais il est la personnification vivante des deux forces aveugles qui doivent être dominées par l'homme du Neuvième Chemin.
Il n'y a personne qui ne s'aime pas.
Aussi, ceux qui disent se haïr, ont-ils en fait une liaison d'amour avec eux-mêmes plus forte que ceux qui s'aiment. Aussi longtemps que les blessures nous atteignent, nous nous aimons nous-même.
Avez-vous entendu quelque chose de plus ridicule que cet amour-de-l'égo pour lui-même, chez telle ou telle personne?
Mais quelle sorte d'amour est-ce donc?
De l'amour-propre!
Mais n'est-ce pas anti-naturel?
Malgré' cela, c'est une émotion que l'on ne peut pas anéantir avec des méthodes ou par des punitions et autres mortifications.
C'est une partie de ce point faible dont nous parlions, et qui peut alors être découvert par la connaissance de soi.
L'Ermite connaît l'état de neutralité, et il se place de façon neutre vis à vis de son égo, le considérant comme un instrument, ni plus, ni moins.
L'homme craintif et hypocrite dit souvent: "Ne me demande rien, je suis neutre."
Il veut dire en fait: "Laisse-moi tranquille, j'ai peur de moi-même."
D'après les Chinois, la crainte et la volonté ont leur siège dans les reins.
Et les chercheurs spirituels, tout comme les chercheurs matériels, essaient de conquérir leur anxiété avec leur volonté. Mais toutes deux sont en fait indissociables.
Il n'y a que la reddition de la volonté qui puisse neutraliser la crainte.
Ceci peut clairement être constaté chez l'homme docile qui remet sa propre volonté à une autorité, et peut ainsi se réfugier en celle-ci dès qu'il y a un danger ou une attaque quelconque.
Par contre, la Reddition spirituelle de la volonté, n'est pas une forme de faiblesse ou d'abandon, mais c'est une question de transformation de cette volonté. Car si quelqu'un n'a plus de volonté, comme par ex. dans toute forme d'esclavage et de dépendance, ou bien dans la neurasthénie et les névroses, il devient inaccessible à toute forme d'intérêt pour la vie, physiquement et psychiquement.
C'est précisément la grande difficulté chez ces personnes-là: On ne peut plus les atteindre, il n'y a plus d'échange possible - et l'échange signifie: se mouvoir - c'est une croissance, c'est monter ou descendre.
Si je remets ma volonté à une autorité, je veux ainsi exclure tout risque de descente - je ne veux que monter. Et ceci est une chose impossible avant le neuvième chemin.
Il y a une montée ou une descente, et il y a l'arrêt.
Chaque montée peut entraîner une descente. Si je marche, je peux tomber - si je m'allonge, je ne risque rien.
Celui qui pratique la "montée" malgré le risque de chute, démontre du courage. S'il est un homme spirituel, il prouve alors le "Bon Courage".
C'est le premier chemin.
N'oublions jamais que l'arrêt comporte aussi ses risques: l'empoisonnement intérieur, la mort. (La plupart des personnes meurent allongées!)
L'empoisonnement peut guider vers une réaction: Si je m'empoisonne jusqu'à un certain point, peut-être aurais-je alors besoin d'un contre-poison, d'un remède spirituel, et ainsi, ce besoin, cet appel viendra de moi.
L'étouffement est pire, car celui qui dépérit spirituellement devra supporter aussi les conséquences organiques correspondantes.
Ici aussi, nous devons effacer une image qui a été longtemps suggérée, à savoir: que les sages et les hommes nobles étaient des individus maigres, dépérissants, pâles et maladifs.
Pourquoi donc? Je me le demande!
De tels individus sont en fait privés de la force de vie, de l'énergie, de la résistance; ils ne veulent que s'allonger et ne veulent plus marcher!
Nous pouvons toujours devenir un homme noble, et cela n'a rien à voir avec notre état organique, au début tout du moins.
Le commencement est toujours possible.
Il n'est besoin que de courage pour ce début. La force du pionnier qui est toujours présente chez le chercheur ne doit pas manquer.
La force du pionnier qui se démontre dans la recherche, jusqu'à ce qu'il découvre qu'après cette recherche vient l'agenouillement, la réflexion, la méditation.
L'Ermite découvre finalement que tout s'accomplit en lui-même, et qu'il possède - en tant qu'être triple - tous les mouvements, toutes les actions et toute la force qui sont dans la nature et dans l'esprit.
Le Neuvième Chemin est la Pratique - tout comme les 8 autres chemins - Le Neuvième Chemin connaît le Grand Silence du Savoir; bien que l'on sache parfaitement se servir du langage.
Tout ce qui fait l'homme, tout ce qu'il possède - spirituellement et organiquement - il ne le possède pas pour rien.
Si nous voulons recouvrir ou nier quelque chose, c'est que nous n'en sommes pas satisfait.
Et qui pourrait être mécontent de cet instrument merveilleux de la nature?
Qui pourrait nier qu'il possède une âme, un vestige de divinité, qui, selon Platon, peut ordonner le chaos.
Qui pourrait railler ou attaquer aveuglément et obscurément le Créateur?
Nous sommes - en tant qu'être spirituel-organique - plus merveilleux que n'importe quelle créature que nous admirons éventuellement.
Etonnez-vous de vous-même! De cette ignorance et de cette puissance.
Aussi longtemps que vous saurez garder cette faculté de vous étonner, vous ne tomberez pas dans le puits de l'obscurité, ni ne vous placerez sur ce ridicule trône de papier qu'est la présomption.
L'étonnement rend vivant, réceptif et lumineux.
En médecine, chacun sait que le plus difficile, mais aussi le plus souhaitable, est de pouvoir faire un juste diagnostic.
Qui peut faire son diagnostic?
Dia-Gnose signifie: A travers la Connaissance.
Le deuxième chemin, le chemin de l'homme agenouillé, est le chemin du diagnostic. C'est un stade difficile pour chaque chercheur, et qui ne peut être vécu qu'à genoux.
Ni l'homme aveugle et présomptueux, ni l'homme ignorant et docile, ne peuvent faire un diagnostic, ni en eux, ni chez leurs prochains.
La pratique du Neuvième Chemin, c'est vivre dans et avec la Lumière.
Ce Chemin instruit et enseigne - Il accompagne et protège.
Bref: Celui qui était sorti de la Lumière est redevenu la Lumière.
Qui pourrait encore l'en séparer maintenant?