En 1249, Raymond VII meurt, âgé de 52 ans, et conformément aux accords conclus, le comté de Toulouse revient au frère de Saint Louis avant d'être intégré définitivement aux domaines de la couronne en 1271.
Ainsi la croisade des Albigeois a conduit finalement à une extension majeure du domaine royal. Par là elle constitue une étape décisive dans la formation de la nation française.
Pour l'histoire officielle ce résultat justifie en grande partie toutes les violences, toutes les dévastations dont le Midi de la France a été la victime dans la première moitié du XIIIme siècle.
C'est là une façon simpliste de voir le mouvement historique et surtout d'absoudre des crimes qui ont été et resteront toujours impardonnables. L'avenir de la France aurait été certainement différent si la civilisation languedocienne n'avait pas été anéantie et le peuple de ce pays saigné à blanc.
Bien que pratiquement indépendant, le comte de Toulouse était vassal du roi de France et les conditions géographiques auraient tôt ou tard posé le problème de l'union du Nord et du Midi. Cela n'aurait sans doute pas été sans guerres, mais elles n'auraient certainement pas abouti aux épouvantables dévastations entraînées par la croisade des Albigeois.
La civilisation occitane aurait de toute façon enrichi la civilisation française. L'annexion du duché de Bourgogne a bien donné lieu à des guerres mais qui n'ont jamais pris le caractère de celles qui se sont déroulées dans le Midi.
Le Midi languedocien a été détruit non pas pour être donné au roi de France, mais parce que les papes ont voulu y faire la loi, parce que les papes ont eu pour que la diffusion d'une religion nouvelle ne porte préjudice à leurs ambitions et à leurs intérêts matériels,
C'est là que gît le drame.
L'aspiration des papes à la domination universelle est devenue démesurée au temps d'Innocent IlI. Les papes n'agissent ni pour le roi de France ni pour aucun autre souverain, mais pour devenir les maîtres absolus d'un monde chrétien.
Ambition chimérique surtout dans un monde divisé par des rivalités féodales. Malheureusement l'autorité spirituelle dont disposaient les papes était suffisante pour leur permettre de déclencher des guerres qui ne faisaient qu'ajouter au désordre et dont les peuples faisaient les frais. C'est le malheureux Languedoc qui a été la principale victime de ces prétentions insensées.
C'est le roi de France qui a tiré les marrons du feu et au siècle suivant c'est un roi de France, Philippe le Bel, qui portera un coup décisif aux ambitions délirantes de la papauté.
Quant à la dépravation de l'Eglise catholique et aux scandales qu'elle provoquait, il n'était pas au pouvoir des papes d'en venir à bout.
Eux-mêmes étaient les plus avides, les plus attachés aux richesses matérielles; et en encourageant les seigneurs féodaux à se lancer, au nom de la foi, dans des guerres de pillage où toutes les violences étaient permises et encouragées, la dégradation morale de la papauté, et par contre coup de l'Eglise tout entière, ne pouvait que s'aggraver. Tout cela finira par les Borgia, mais aussi par cette nouvelle vague de révolte qui permettra aux religions protestantes de s'imposer dans une grande partie de la chrétienté.
Le véritable visage de la papauté à cette époque apparaît dans l'inquisition qui a été un incomparable instrument de terreur et de perversion. Elle a été le signe et l'instrument d'une décadence qui frappe aussi bien ceux qui l'emploient que ceux qui en sont victimes.
L'Espagne en est restée écrasée jusqu'à nos jours, le Languedoc, lui, y a perdu son âme et sa gloire.
Il ne faut pas chercher à excuser les violences de l'Eglise par les brutalités propres au monde féodal. Il est exact que les seigneurs féodaux sont des hommes dont la guerre est le métier, qui ont appris en même temps que le courage le mépris de la vie des autres.
Ils peuvent être et sont le plus souvent sanguinaires, cruels, avides. A côté de cela ils obéissent à certaines règles d'honneur à un code de chevalerie qui pourraient être utilisées pour les amener à des conduites plus humaines.
En tout cas s'ils sont souvent des meurtriers ils ne sont jamais des policiers. La papauté elle, a créé la police. D'une part elle a utilisé les pires instincts des seigneurs pour briser la résistance matérielle de ses adversaires et ensuite elle a organisé un modèle déjà achevé de la pire des polices pour terroriser, abrutir, soumettre, détruire tous ceux qui prétendaient échapper à son emprise.
Il ne faut pas considérer que, ces crimes sont du passé lointain.
Si les ambitions et l'anarchie féodale ont disparu avec la féodalité, la papauté demeure qui n'a rien renié de son passé, qui se contente de jeter le voile sur ses scandales passés et reste toujours aussi avide de domination universelle.
Les croyances religieuses sont une chose qui regarde la conscience de chacun, mais la politique de l'Eglise en est une autre qu'il faut dénoncer comme malfaisante et redoutable.
Le Languedoc a payé le prix le plus lourd pour ne pas oublie, la leçon.